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Le nain

Dans un petit village vivait un nain de la plus sombre espèce. Il était irascible, odieux et mesquin. Personne n'osait s'approcher à moins de douze mètres de lui, record du lancer de hache, brillement remporté par lui même malgré la lourdeur de sa hache. Même ses voisins avaient peur de sortir de chez eux. L'on disait même en cas d'orage ou de colère divine comme disaient les anciens qui c'était lui qui pétait, sans préciser la suite. Personne ne savait ce qu'il faisait dans la vie ni même ne se serait risquer à lui demander. On ne le voyait jamais accompagné mais remarquait cependant qu'il grossissait à vue d'œil chaque jour sous son imposant manteau de fourrure qu'il ne quittait jamais, été comme hiver. Ses déplacements mystérieux et réguliers éveillaient bien des questions.

Un jour, une nouvelle famille s'installa au village. Ils y étaient venus trouver gite et travail. Leurs deux enfants semblaient bien maigrichons malgré une habileté à courir partout. Sans doute vivaient-ils autrefois dans ces hameaux isolés, désertés pour aller dans les villages trouver du travail car trop pauvres. Le père fut embauché à la ferme, la mère pour laver le linge et les enfants faisaient quelques courses pour les gens contre quelques sous.

Bref, la vie du village continuait d'avancer. Nos deux jeunes coursiers étaient en route pour aller chercher de la farine pour une dame âgée du village quand ils croisèrent pour la première fois notre nain mal-gratté. Ils furent surpris de premier abord par ses rondeurs mais ne purent retenir un petit rictus quand ce dernier trébucha sur le sol pavé, laissant entendre un léger tintement métallique. Ce qui le mit en colère et déclencha un orage à faire frémir tout le village durant plusieurs jours. Le village était paralysé par l'orage. Seuls les plus ragaillardis sortaient pour aller gagner quelques sous. Nos deux jeunes enfants s'ennuyer de ne pouvoir ainsi sortir et observaient le déluge tombant depuis la fenêtre du vieux pigeonnier que leurs parents avait réhabilité avec l'aide des villageois afin de leur servir de toit. Les journées leurs semblaient bien longues et mornes et peu de gens sortaient pour aller travailler car l'orage était menaçant.

Mais à force de contemplation, leur curiosité fini par payer. Ils remarquèrent les aller-retours du nain, grossissant toujours, malgré la pluie drue et battante dont les gouttes étaient semblables à des dagues. Que pouvait donc faire notre villageois sous cette pluie de couteaux ? Luttant pour ne pas s'endormir, ils remarquèrent les aller-retours étaient également nocturnes, jusqu'à ce que le sommeil ne gagne ces derniers. Quand le temps se calma un peu, nos deux jeunes curieux décidèrent d'espionner notre nain. Ils attendirent que celui-ci sorte de chez lui pour un de ces énièmes aller-retours. Nos deux jeunes étant bien maigres, ils n'avaient pas de mal à se cacher ni se faufiler partout. Leur périple les conduisit à une étrange clairière où se cachait une étrange demeure. Lorsque le nain entra dans l'étrange maison, un silence régna dans l'atmosphère, suivi d'un fracas métallique assourdissant. Un étrange vieillard maigre sorti soudainement de la maison, laissant entrevoir une extrême pâleur. Après quelques minutes, notre vieillard retourna à l'intérieur pour ne jamais en ressortir. Le tintamarre métallique repris pour laisser réapparaitre notre nain encore plus gros qu'à l'aller, si bien qu'il lui était difficile d'avancer. Il respirait bruyamment et trébuchait à chaque fois qu'il marchait sur une racine d'arbre ou s'entravait dans un buisson. Les enfants, méfiants, s'approchèrent de la demeure abandonnée à pas de loup, de peur de ne voir sortir ce vieillard à l'aspect maladif. La lourde porte en bois était mal refermée et nos deux aventuriers se faufilèrent sans mal à l'intérieur. Ils furent surpris de n'entendre personne n'allant et venant à l'intérieur. Pas un bruit. Comme si personne n'était jamais venu en ces lieux, ni aucune âme n'habitait ici. Ils se risquèrent alors à s'aventurer dans l'étrange maison, traversant quelques pièces vides, avant de tomber sur une pièce remplie d'objets en étain ou autres matériaux, d'aspect brillant, cuivré ou encore chromé. Était-ce une forteresse à l'abandon où de riches seigneurs avaient habité autrefois ? Mais surtout, aucune trace de notre vieillard. Que faisait notre nain ici ? Le bruit métallique venait-il de ces objets ? Que faisait notre nain avec ces breloques ? Les voler ? Mais dans quel but ? L'on avait jamais vu entrer de gens douteux chez lui dont il ne pouvait les revendre. Où était caché notre vieillard ?

Quelque peu déboussolés, ils décidèrent de rentrer au village, avant que leur disparition ne se fasse remarquer. Ils galopèrent à travers champs, bosquets et rivière avant de voir notre nain reprendre son souffle et repartir doucement, comme s'il voulait passer inaperçu, malgré le léger tintement qui se faisait toujours entendre en ce lieu calme. Quelque pas plus loin, notre nain continuait d'avancer doucement, de trébucher souvent et de respirer bruyamment, toujours en tenant fermement son manteau de fourrure géant sentant même à distance le rat puant. Pourquoi tenait-il tant à son manteau puant ?

Sur la place du village, les paysans s'affairaient à fleurir les rues, laissant venir le printemps ainsi que de nombreux râteaux et outils trainer. Sentant notre nain venir, ils partir se réfugier dans les maisons et échoppes les plus proches. Notre nain bien empêtré et en grande difficulté ne remarqua même pas le bazar laisser à l'impromptu sur la place, ni les deux jeunes espions le suivant à bonne distance depuis un moment déjà. Bien trop stressé, il continuait de serrer fortement son grand manteau, si large qu'il lui obstruait un peu, beaucoup même, la vision. Il ne vit donc pas le râteau présent sur son chemin ainsi que les nombreux outils de jardinages présents un peu partout. Il se prit les pieds dedans, s'accrochant son manteau au passage dans un fracas assourdissant, dévoilant après éclat de quelques boutons trop sous pression une tonne de breloque de tout matériaux. Nos habitants assistèrent effarés à la scène sans bouger de leur cachette. Nos deux jeunes enfants, toujours à bonne distance, craignirent que quelque chose de positif ne se produisit par la suite. Au lieu de cela, ils virent sortir de sous ce manteau notre vieillard disparu au lieu du nain au milieu d'un monticule d'objets en tout genre. Effaré par le bruit, l'homme âgé s'enfuit à la hâte laissant ainsi tout le butin ainsi que le lourd manteau. Quand le calme fut revenu, les habitants sortirent de leurs trous et découvrirent de plus près tout ce foutoir. Ils étaient impressionnés par la quantité d'or, de cuivre et autres matériaux présents. Osant s'approcher du manteau, ils remarquèrent à leur tour l'étrange puanteur ainsi que quelque chose de pas naturel. Effrayés, il décidèrent de bruler le manteau, laissant voler une quantité importante de cendres noires. Une fois le grand incendie calmé, une vieillard déboussolé fit son apparition et s'écroula de fatigue et de faim. Les habitants accoururent intrigués à son secours et lui portèrent assistance, nourriture et même un toit vide depuis peu. Bien que notre vieillard ne parlait pas, il dégageait une humble bonté et une grande gentillesse et le village entier se prit d'affection pour lui. Il était une fois un vieillard frigorifié et affamé qui tomba soudainement sur un manteau (maléfique) se trouvant à l'abandant sur un chemin égaré.

 
 
 

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